A quoi pense la jeune fille,
Celle qui rit, chante et s'habille,
En se regardant au miroir ;
Qui, posant les mains sur ses hanches,
Dit : Oh ! mes dents sont bien plus blanches
Que le lin de mon blanc peignoir ?
Elle se promet, folle reine,
De régner fière et souveraine,
Au milieu des parfums du bal ;
Elle compose son sourire,
Afin que d'elle on puisse dire :
Son amour à tous fut fatal !
A quoi pense cette autre blonde,
Quand sa chevelure l'inonde
Comme un vêtement de satin ?
Dès l'aube, avant qu'elle se lève,
Sa lèvre sourit au doux rêve
Qu'elle fait du soir au matin !
Quelle sera sa destinée ?
Est-ce que cette fille est née,
Chaste fleur, pour tomber un jour ?
Voyez ! la pure fiancée !
Elle court où va sa pensée !
Elle se perd par trop d'amour !
Celle-là, brune paresseuse,
Laisse sa prunelle rêveuse
Errer par le ciel de la nuit !
Voici qu'une étoile qui passe
Fait parcourir un large espace
A son grand oeil noir qui la suit !
Elle se penche à la fenêtre,
Et se dit : il la voit peut-être !
Que ne puis-je voler ainsi !
Etoile d'amour, je t'envie !
Je voudrais vivre de la vie,
Pour ne plus soupirer ici !