Dieu te gard donc, mon petit fils René !
Adieu mon fils aussitôt mort que né!
Dieu gard mon fils venant sur terre ronde !
Adieu mon fils départant de ce monde !
Tu n'as encor le lait bien savouré,
Tu n'as encor le tien pere honoré,
Tu ne connois ni peines ni liesses,
Et loin de nous, tu t'en vas et nous laisses.
Tu n'as encore une seule semaine,
Que tu ne tu dépars de cette vie humaine.
Faut-il qu'en terre à tes yeux inconnue,
Soit ton départ si près de ta venue!
Petit enfant, qui t'a donné envie
De si soudain aller à l'autre vie ?
Il semble à voir que tu connusses bien
Qu'en cette vie y a si peu de bien.
Petit enfant, je crois bien que tu as
Un autre pere au ciel, là où tu vas,
Lequel a fait que ton coeur le désire,
Quand le charnel laisses pour l'autre élire.
Puisque tu veux l'éternel bien choisir,
Laissé m'en as un merveilleux désir ;
Et voudrois voir à ton exemple enfin,
Le Dieu qui jà t'a reçu dans son sein.