Cachée en ce beau lit de branches...

Cachée en ce beau lit de branches et de feuilles,
Sur cet autel de mousse où j'ai versé des roses,
De la myrrhe et du miel,
Tendrement je te porte, et doucement te pose,
Ô fille morte
De l'éternel soleil !

Et voici que je t'ouvre encore,
Comme autrefois la porte d'or,
Éclatante et sonore,
Et qu'à mon souffle tu renais,
Fille des primitives forêts,
Et que tu danses et t'enivres
De revoir la lumière et de vivre.

Le vent dénoue ta chevelure
De mille étincelles, et ta ceinture
Immense de feu ;
Tu as des ailes
D'abeille blonde et d'oiseau bleu.

Que les airs embrasés gardent ta trace,
Et ta présence parfumée ;
Flamme, ne meurs pas tout entière
Toi dont je baise la cendre ardente,
Ame pure, âme claire,
Divinité future.

Collection: 
1884

More from Poet

  • Je l'ai tué, je l'ai tué !
    Il tombe.
    Ecoute. Une voix dans le soir a crié
    Sur la mer sombre : Tu l'as tué !

    Comment l'ai-je tué, mon dieu, de ces mains blanches
    Qui n'auraient pas blessé une colombe
    Ni tué une fleur ?

    Ah ! rien ne savait qu'il vivait,...

  • Si tu veux les voir, m'a dit une Fée,
    Glisse un soir, comme moi,
    Sous les saules,
    Et regarde, entre tes doigts,
    Par-dessus ton épaule.

    Elles appuient sur les eaux bleues
    Leurs frêles corolles,
    Et leurs larges feuilles,
    Et elles jouent, entre les...

  • L'herbe est molle et profonde
    Sous les branches qui pendent,
    Lourdes de fruits et de fleurs blanches ;
    Lourde est la senteur enivrante,
    Et douce est l'ombre. On s'y étend ;
    Un sourd sommeil coule dans le sang.

    Et les branches s'abaissent et se penchent,...

  • Ève pleurait. Ses mains cachaient sa tête pâle.
    C'était le premier soir mortel.
    Des êtres lumineux descendirent du ciel,
    Et l'air s'emplit du chant de leur voix amicale.

    Regarde, disaient-ils, si, dans ce soir d'été,
    Tout devant nous pâlit et tremble,
    C'est...

  • Je l'ai cueilli ! je l'ai goûté,
    Le beau fruit qui enivre
    D'orgueil, et je vis !
    Je l'ai goûté de mes lèvres
    Le fruit délicieux de vertige infini.
    Mon âme chante, mes yeux s'ouvrent,
    Je suis égale à Dieu !

    Un autre monde de beauté
    S'étend devant...