Là-bas, cette existence en noir de grandes vieilles,
Par les enclos en noir et les porches d’église,
Cette existence et de prières et de veilles,
Le soir, sous leurs mantes en noir, qu’immobilise,
Et pendant des heures et des heures, l’extase
Au pied d’un ostensoir, le soir, en des chapelles
De cathédrale en noir ; et la claustrale emphase
Du culte et de grands dais levés et de flabelles,
Le soir, sur ces vieilles en noir, dont les mains jaunes
Tendent en croix leurs désespoirs et leurs misères,
Vers les autels immensément et vers les trônes,
Là-bas, ornés d’argent, de feux, et de rosaires,
Le soir, au fond des chapelles en noir ; et l’ombre
D’un grand pilier, sur les dalles, droite, allongée
Ainsi qu’un bras de soir et de volonté sombre
Vers ces vieilles en noir, dont la ferveur figée
Grandit l’hiératique allure évocatoire,
Au fond des chapelles en noir ; et les martyres
Et les saintes, et la série incantatoire
Des longs cierges et le grésillement des cires,
Le soir, sur de lourds trépieds noirs, dans les chapelles
En noir ; et ce Jésus, vieux de siècles et triste,
Ce Christ en noir du soir, dont les loques charnelles
Pendent au long des croix et dont le nom persiste,
Le soir, dans le vieux cœur en noir des grandes vieilles,
Dans leur vieux cœur en noir et or et leurs mémoires !
Et comme elles, s’user à des marmonnements ;
Et comme elles, rouler, en uniformes moires,
Les jours après les jours, toujours, et les moments,
Les toujours mêmes jours pieusement ; et comme
Elles, passer vers un effacement en noir ;
Et comme elles vivent, vivre, presqu’en un somme
De mornes oraisons autour des croix de soir,
Au fond des chapelles en noir ; revivre en litanies
Sa peine et sa rancœur et tout son désespoir
Et ses lasses douleurs de vivre indéfinies,
Là-bas, le soir, au fond des chapelles en noir !