La Soif

 

La cuirasse à nos reins bouclée,
Dans une lutte sans merci,
Nous nous sommes jetés, ainsi
Que des bretons dans la mêlée.

Ainsi donc soit ! Et jusqu'au soir
Tenons tête dans la bataille,
Haut la visière, et haut la taille,
Sans lâcher pied, sans nous asseoir !

Champions du beau qu'on lapide,
Que le sort nous trahisse ou non,
Faisons flotter notre pennon
Par-dessus la clameur stupide.

Puisque pour nous les durs chemins,
Quand nous regardons vers la terre,
N'ont point d'eau qui nous désaltère,
A notre flanc portons les mains ;

Et, ruisselants d'éclaboussures,
Pour revivre du même espoir,
Buvons, ainsi que Beaumanoir,
Le sang tout chaud de nos blessures !

Collection: 
1858

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