Tu me parlais de ta voix belle
Et demandais en insistant :
Y a-t-il encore un printemps
Et les feuilles repoussent-elles ?
La guerre accapare le ciel,
Les eaux, les monts, les bois, la terre ;
Où vient la rose ? où est le miel
Pour les abeilles volontaires ?
Où les pousses des roncerois
Et les boutons des anémones ?
Où la rencontre, au cœur du bois,
Des pas de Flore et de Pomone ?
— Hélas ! plus n’est de floraison
Que celle des feux dans l’espace :
Bouquets de rage et de menace
S’éparpillant sur l’horizon.
Plus n’est, hélas ! de splendeur rouge
Que celle, hélas, des boulets fous
Éclaboussant de larges coups
Clochers, hameaux, fermes et bouges.
Tout est sans joie et sans merci ;
La lutte épand de plaine en plaine
Ses bonds de fureur et de haine :
C’est le printemps de ce temps-ci.