“Oh ! rappelez, mon frère, et qu’il vienne à ma voix,
Comme il venait naguère :
Je ne puis jouer seul, sans l’ami de mon choix,
Où donc est-il allé, mon frère ?
L’été nous rend enfin ses abeilles, ses fleurs ;
Le papillon volage
Aux rayons du soleil étale ses couleurs,
Mais de le chasser n’ai courage.
Dans le jardin nos fleurs s’inclinent de sommeil,
Lentement vers la terre ;
Notre vigne affaissée est brûlée au soleil,
Oh ! rappelez-le donc, mon frère ! ”
— “ Il ne peut plus t’entendre, hélas ! mon cher enfant,
Celui qui fut ton frère,
Tu ne le verras plus ce visage charmant,
Tu ne le verras plus sur terre.
“ Existence de rose, il n’a vécu qu’un jour,
Un jour… hors de ses langes :
Et pour jouer, enfant n’attend pas son retour,
Car ton frère est avec les anges. ”
— “ Comment ! il a quitté ses fleurs, son bel oiseau,
Et son gentil parterre ?
Et quand je lui dirai viens jouer au cerceau,
Il ne reviendra pas, mon frère ?
“ Et nous n’irons donc plus, heureux autant qu’un Roi,
Jouer dans le bocage ;
Oh ! tandis que mon frère était là… près de moi,
Que ne l’ai-je aimé davantage ? ”