Le Parnasse contemporain/1869/À Cosette

Cosette ! le printemps nous appelle. Fuyons
La chambre longtemps close & les murailles sombres,
Allons dans la campagne où, dissipant les ombres,
Tombe la pluie ardente & folle des rayons.

Tristesses de l’hiver, allez-vous-en ! Rions
Puisque avril nous revient, & que dans les décombres
Fleurit la giroflée, & que toutes pénombres
S’ouvrent au clair soleil, père des papillons.

Je chercherai la rime aux buissons accrochée,
Et je découvrirai la dryade penchée
Sur le miroir des eaux qu’éblouissent ses yeux.

Toi cependant, Cosette, ô ma chienne, ô ma fille !
Dans les champs où la vie excessive fourmille,
Tu lanceras au ciel tes aboîments joyeux.

Collection: 
1971

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