Dans le bain, sur les dalles,
À mon pied négligent
J’aime à voir des sandales
De cuir jaune et d’argent.
En quittant ma baignoire,
Il me plaît qu’une noire
Fasse mordre à l’ivoire
Mes cheveux, manteau brun,
Et, versant l’eau de rose
Sur mon sein qu’elle arrose,
Comme l’aube et la rose,
Mêle perle et parfum.
J’aime aussi l’odeur fine
De la fleur des Houris,
Sur un plat de la Chine
Des sorbets d’ambre gris,
L’opium, ciel liquide,
Poison doux et perfide,
Qui remplit l’âme vide
D’un bonheur étoilé ;
Et, sur l’eau qui réplique,
Un doux bruit de musique
S’échappant d’un caïque
De falots constellé.
J’aime un fez écarlate
De sequins bruissant,
Où partout l’or éclate,
Où reluit le croissant.
L’arbre en fleur où se pose
L’oiseau cher à la rose,
La fontaine où l’eau cause,
Tout me plaît tour à tour ;
Mais, au ciel et sur terre,
Le trésor que préfère
Mon cœur jeune et sincère,
C’est amour pour amour !