Ce sont quelques fleurs des prés
Dont je fleuris votre couche
Et que vous parfumerez
En y posant votre bouche.
Des coquelicots ardents,
Des nielles et des brizes,
Fragiles fleurs du printemps
Qui tremblent aux moindres brises.
Des sauges, des boutons d’or
Avec de l’avoine folle,
Je ne sais quelles encor ;
Vole, vole, mon cœur vole.
Je suis sûr qu’en regardant
Bien on y trouverait même
De l’ortie et du chiendent,
Ou je ne suis qu’une brême.
Le gypsophile coquet
Et l’invisible spergule
Font autour de ce bouquet
Comme un nuage de tulle.
Toutes ces fleurs, mon amour,
Que le soleil accompagne
Sont simples comme le jour
Et sentent bon la campagne.
Elles ont en vérité
Tant d’esprit et tant de charmes
Que j’en pleure de gaîté
Et puis que j’en ris aux larmes.
Dans chaque bois, chaque champ
Elles croissent comme l’herbe,
On les cueille en les fauchant,
Ça fait un bouquet superbe.