Sous le fécond soleil des nations antiques,
L'homme était riche en dieux dont il savait les noms ;
Et des images d'or encombraient les portiques,
Ou, géantes, gardaient le seuil des Parthénons.
Et pourtant, jamais las d'encens ni de prières,
L'homme des jours sereins où riaient les dieux nus,
Entre le ciel et lui rêvant plus de lumières,
Sacrifiait encore à des dieux inconnus !
Nos coeurs ne vibrent plus aux naissances prochaines
De ceux que conviait le large coeur païen ;
Et ce n'est plus afin de ressaisir des chaînes
Que nous fouillons la foi de l'univers ancien.
Aux stériles éclairs d'un soleil qui s'épuise,
Sur le poudreux amas des autels d'autrefois,
Nous regardons crouler les fûts noirs de l'église,
Sans que la mort d'un dieu fasse gémir les bois.
Tous les dieux sont-ils morts ? Ou, vaincus par l'exemple,
Ceux qui nous voient de loin livrés au sombre mal,
Renoncent-ils d'avance à la gloire du temple,
Par horreur du calvaire et du sang baptismal ?