À la Piazetta, sous l’ombre des portiques,
Vanutelli nous montre, en leur costume ancien,
Dames et jeunes gens à l’air patricien
Causant entre eux d’amour ou d’affaires publiques.
Hors du cadre, évoqués par des charmes magiques,
On croit voir des portraits de Giorgione ou Titien
Qui, sous le velours noir du loup vénitien,
Ébauchent, comme au bal, des intrigues obliques.
Les pigeons de Saint-Marc s’abattent à leurs pieds
Avec roucoulements et frémissements d’ailes ;
Près des galants trompeurs sont les oiseaux fidèles !
Seigneurs, dames, pigeons, par vous sont copiés
D’une touche à la fois si libre et naturelle,
Qu’on dirait le tableau fait d’après l’aquarelle !