La Baie

Dans une baie, au bord des dunes,
Qui s’étendent, de lieue en lieue,
Voici jouant avec la lune,
La fée aux deux mains bleues.

Comme d’un panier d’or,
La lune tombe au fond de l’eau
Et s’éparpille
En ronds qui brillent ;
La lune et tout le grand ciel d’or
Tombent et roulent vers leur mort,
Au fond de l’eau profonde et bleue
Dont est reine, la fée
Aux deux mains bleues.

Dans une baie, au bord des dunes,
Qui s’étendent, de lieue en lieue,
Voici jouant avec la lune,
La fée aux deux mains bleues.

Comme d’un panier d’or,
La lune tombe au fond de l’eau
Et s’éparpille
En ronds qui brillent ;
La lune et tout le grand ciel d’or
Tombent et roulent vers leur mort,
Au fond de l’eau profonde et bleue
Dont est reine, la fée
Aux deux mains bleues.

Or idéal et si lointain
Que les regards sont incertains
Dès qu’ils le comptent ;
Et néanmoins la fée
Le mêle à l’or de ses cheveux
Et sur ses seins, le dompte.

Elle se pâme en ses reflets
Brusques et violets,
Le jette au sable et à la vase,
Sans se douter, un seul moment,
Que dans les loins du firmament
Cet or aimante et fait brûler l’extase.

Elle le fausse et le salit
L’attire à elle au fond du lit
D’algues et de goémons flasques,
Où rit, d’entre des fleurs couleur céruse
Et des balancements d’ombres et de méduses,
Son masque.

Et l’or divin est employé
Sans peur qu’il soit l’éclair qui tout à coup fulgure,
Pour le plaisir et la luxure ;
Et l’or divin, c’est l’or noyé.

Or idéal et si lointain
Que les regards sont incertains
Dès qu’ils le comptent ;
Et néanmoins la fée
Le mêle à l’or de ses cheveux
Et sur ses seins, le dompte.

Elle se pâme en ses reflets
Brusques et violets,
Le jette au sable et à la vase,
Sans se douter, un seul moment,
Que dans les loins du firmament
Cet or aimante et fait brûler l’extase.

Elle le fausse et le salit
L’attire à elle au fond du lit
D’algues et de goémons flasques,
Où rit, d’entre des fleurs couleur céruse
Et des balancements d’ombres et de méduses,
Son masque.

Et l’or divin est employé
Sans peur qu’il soit l’éclair qui tout à coup fulgure,
Pour le plaisir et la luxure ;
Et l’or divin, c’est l’or noyé.

Dans une baie au fond des dunes
Qui s’étendent de lieue en lieue,
Voici la fée aux deux mains bleues
Drainant le ciel en ses cheveux.

Dans une baie au fond des dunes
Qui s’étendent de lieue en lieue,
Voici la fée aux deux mains bleues
Drainant le ciel en ses cheveux.

Collection: 
1875

More from Poet

  • Le corps ployé sur ma fenêtre,
    Les nerfs vibrants et sonores de bruit,
    J'écoute avec ma fièvre et j'absorbe, en mon être,
    Les tonnerres des trains qui traversent la nuit.
    Ils sont un incendie en fuite dans le vide.
    Leur vacarme de fer, sur les plaques des ponts,...

  • Lorsque la pourpre et l'or d'arbre en arbre festonnent
    Les feuillages lassés de soleil irritant,
    Sous la futaie, au ras du sol, rampe et s'étend
    Le lierre humide et bleu dans les couches d'automne.

    Il s'y tasse comme une épargne ; il se recueille
    Au coeur de la...

  • D'énormes espaliers tendaient des rameaux longs
    Où les fruits allumaient leur chair et leur pléthore,
    Pareils, dans la verdure, à ces rouges ballons
    Qu'on voit flamber les nuits de kermesse sonore.

    Pendant vingt ans, malgré l'hiver et ses grêlons,
    Malgré les gels...

  • Les horizons cuivrés des suprêmes automnes
    Meurent là-bas, au loin, dans un carnage d'or.
    Où sont-ils les héros des ballades teutonnes
    Qui cornaient, par les bois, les marches de la Mort ?

    Ils passaient par les monts, les rivières, les havres,
    Les burgs - et...

  • Oh ! la maison perdue, au fond du vieil hiver,
    Dans les dunes de Flandre et les vents de la mer.

    Une lampe de cuivre éclaire un coin de chambre ;
    Et c'est le soir, et c'est la nuit, et c'est novembre.

    Dès quatre heures, on a fermé les lourds volets ;
    Le mur est...