À ma Muse

 
Ce jour amène votre fête.
Madame Dufrénoy.

Muse, est-ce vous ? dans ces bois dépouillés
Où l’Aquilon au loin gronde et murmure,
D’un long regard, aux bosquets effeuillés,
Vous demandez leur riante parure.
C’est vainement. L’impitoyable hiver
Détruit les fleurs ; mais son souffle perfide
Vous laisse au moins ce laurier toujours vert,
Four couronner le front d’Adélaïde.

Muse, accourez. Les fils de l’Hélicon,
D’Adélaïde et du Dieu qui l’inspire,
Dans leurs accords ont répété le nom.
Chantez aussi ce nom cher à la lyre,
De vos pipeaux enflez les faibles sons ;
N’oubliez pas que, d’une voix timide,
Vous préludiez à vos douces chansons ,
En écoutant le luth d’Adélaïde.
 
Rappelez-vous la fille d’Israël
Qui réveilla les harpes prophétiques ;
Et dans la paix des veilles poétiques
Inspirez-vous de son hymne immortel.
Obéissez à l’espoir qui me guide ;
Qu’un jour, surpris de vos accords touchans,
Le Dieu des vers retrouve dans vos chants
Un faible écho de ceux d’Adélaïde.

Mille Sapho brillèrent tour à tour ;
D’un nom si beau chacune s’environne ;
Mais l’immortelle a vu sous sa couronne
Pâlir le front de ces Muses d’un jour.
Se détournant de leur chute rapide,
Elle a souri dans le sacré vallon,
Depuis qu’Amour, pour consoler son nom,
Remit sa lyre aux mains d’Adélaïde.

Collection: 
1818

More from Poet

  •  
    It is a place full of
    Storied and poetical associations...
    WASHINGTON IRWING.

    Vieux château de Windsor, dont les pierres gothiques
    Éveillent d’Albion les harpes romantiques,
    Livre au barde étranger quelque grand souvenir,
    Qu’il puisse...

  •  
    Zéphire seul doit caresser les fleurs.
    PARNY.

     

    Le jour paraît, Zéphir s’éveille,
    Abandonne le sein des fleurs,
    Où, s’enivrant de leurs odeurs ;
    Il sommeillait depuis la veille.
    Sur son aile il porta cent fois
    Aux Dieux l’...

  •  
    Chantez au Seigneur un nouveau cantique, car un petit enfant
    nous est né, un fils nous a été donné.
    Messe de Minuit.

    Entre mes doigts guide ce lin docile,
    Pour mon enfant tourne, léger fuseau ;
    Seul tu soutiens sa vie encor débile,...

  •  
    It is a place full of
    Storied and poetical associations...
    WASHINGTON IRWING.

    RÉCITATIF.

    Dieu des beaux-arts, père de l’harmonie,
    Vois régner en ces lieux la guerre et ses fureurs !
    Tu m’abandonnes !... dans les pleurs
    S’éteint...

  •  
    And the tear that we shed, tho’ in secret it rolls,
    Shall long keep his memory green in our souls.
    TH. MOORE.

    Et les larmes que nous versons, quoiqu’elles coulent en secret,
    entretiendront long-temps sa mémoire vivante dans nos âmes.

    ...