Ce jour amène votre fête.
Madame Dufrénoy.
Muse, est-ce vous ? dans ces bois dépouillés
Où l’Aquilon au loin gronde et murmure,
D’un long regard, aux bosquets effeuillés,
Vous demandez leur riante parure.
C’est vainement. L’impitoyable hiver
Détruit les fleurs ; mais son souffle perfide
Vous laisse au moins ce laurier toujours vert,
Four couronner le front d’Adélaïde.
Muse, accourez. Les fils de l’Hélicon,
D’Adélaïde et du Dieu qui l’inspire,
Dans leurs accords ont répété le nom.
Chantez aussi ce nom cher à la lyre,
De vos pipeaux enflez les faibles sons ;
N’oubliez pas que, d’une voix timide,
Vous préludiez à vos douces chansons ,
En écoutant le luth d’Adélaïde.
Rappelez-vous la fille d’Israël
Qui réveilla les harpes prophétiques ;
Et dans la paix des veilles poétiques
Inspirez-vous de son hymne immortel.
Obéissez à l’espoir qui me guide ;
Qu’un jour, surpris de vos accords touchans,
Le Dieu des vers retrouve dans vos chants
Un faible écho de ceux d’Adélaïde.
Mille Sapho brillèrent tour à tour ;
D’un nom si beau chacune s’environne ;
Mais l’immortelle a vu sous sa couronne
Pâlir le front de ces Muses d’un jour.
Se détournant de leur chute rapide,
Elle a souri dans le sacré vallon,
Depuis qu’Amour, pour consoler son nom,
Remit sa lyre aux mains d’Adélaïde.