À Jules de Prémaray

 
      Lecteur, prompt à nous consoler,
      Toi qui sais encore voler,
      Comme l’abeille, au miel attique,
      Ton enthousiaste rumeur
      Encourage le doux rimeur,
      O voix émue et sympathique !

      O mon ami, c’est déjà vieux !
      Depuis dix ans, les envieux,
      Acharnés sur la même lime,
      Ensanglantent leurs yeux ardents,
      Et viennent se briser les dents
      Contre l’acier pur de ma rime.

      O Poésie ! ange fatal !
      Des fous marchent d’un pied brutal
      A travers tes Édens splendides,
      Comme, aux approches de la nuit,
      Par les déserts de fleurs s’enfuit
      Le troupeau des buffles stupides.

      Mais croissez, pervenches et thym !
      Comme ces lueurs du matin
      Qu’enveloppent en vain des voiles,
      O symboles de mes amours !
      C’est vous seuls qui vivrez toujours,
      Printemps, lauriers, chansons, étoiles !

Mai 1855.

Collection: 
1843

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  • Par le chemin des vers luisants,
    De gais amis à l'âme fière
    Passent aux bords de la rivière
    Avec des filles de seize ans.
    Beaux de tournure et de visage,
    Ils ravissent le paysage
    De leurs vêtements irisés
    Comme de vertes demoiselles,
    Et ce refrain...

  • Italie, Italie, ô terre où toutes choses
    Frissonnent de soleil, hormis tes méchants vins !
    Paradis où l'on trouve avec des lauriers-roses
    Des sorbets à la neige et des ballets divins !

    Terre où le doux langage est rempli de diphthongues !
    Voici qu'on pense à toi,...

  • A travers le bois fauve et radieux,
    Récitant des vers sans qu'on les en prie,
    Vont, couverts de pourpre et d'orfèvrerie,
    Les Comédiens, rois et demi-dieux.

    Hérode brandit son glaive odieux ;
    Dans les oripeaux de la broderie,
    Cléopâtre brille en jupe fleurie...

  • Grâces, ô vous que suit des yeux dans la nuit brune
    Le pâtre qui vous voit, par les rayons de lune,
    Bondir sur le tapis folâtre des gazons,
    Dans votre vêtement de toutes les saisons !
    Et toi qui fais pâmer les fleurs quand tu respires,
    Fleur de neige, ô Cypris ! toi...

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    Escalade la roche aux nobles altitudes.
    Respire, et libre enfin des vieilles servitudes,
    Fuis les regrets amers que ton coeur savourait.

    Dès l'heure éblouissante où le matin paraît,
    Marche au hasard ; gravis les sentiers les...