Marceline

I

Un matin qu'il neigeait bien fort,
Deux petits pâtres du village,
Joyeux comme on l'est au jeune âge,
Allaient ramasser du bois mort.
Tous deux chantaient quand Marceline
Leur dit d'un accent triste et doux :
En longeant la forêt voisine,
Enfants, prenez bien garde aux loups.

Il

Comme vous riant et vermeil,
Un jour aussi mon petit Pierre,
En chantant, quitta la chaumière
Témoin de son dernier réveil.
Hélas ! ce front pur et candide
Dont un ange eût été jaloux,
Je l'ai revu froid et livide.
Enfants, prenez bien garde aux loups.

III

Seul trésor de mon avenir,
De son père il était l'image,
Et portait sur son frais visage
L'espérance et le souvenir.
A mes forces, douleur amère,
Dieu n'a pas mesuré ses coups,
Oh ! par pitié pour votre mère,
Enfants, prenez bien garde aux loups.

IV

A la place où pâle et sans voix
A succombé mon petit Pierre,
Trop pauvre pour mettre une pierre,
J'ai planté deux bâtons en croix.
Enfin, si la douleur m'attire
Où Dieu nous donne rendez-vous,
Cette croix sera là pour dire :
Enfants, prenez bien garde aux loups.

V

Marceline l'avait bien dit,
De son sein Dieu souffla la flamme ;
Où l'enfant avait rendu l'âme
La pauvre mère s'éteignit.
Là, quand tout dort dans la nature,
Excepté les vents en courroux,
On prétend qu'une voix murmure :
Enfants, prenez bien garde aux loups.

Collection: 
1815

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I

Ma vieille tante Gribiche,
En fermant les yeux,
Ne laissa, n'étant pas riche,
Rien de précieux.
Hier on fit le partage
Du pauvre butin,
Et j'eus pour tout héritage
Son réveil-matin.

II

Or, cette samaritaine
Vient mal à propos...

Quand j' suis tout' seul dans ma cellule,
J'fais plus d'un' drôl' de réflexion,
Sur la contrainte et l'ridicule
Qu'impos' la civilisation.
D'un' grand' phras' qu'exig' l'étiquette,
Selon moi, v' là l'équivalent :

Refrain

On est bien forcé d'être...

I

Doux chantres de la nature,
Petits oiseaux, tout l'été,
Je vous donnais la pâture.
Vous m'apportiez la gaîté.
Les beaux jours vont disparaître
Mais mon cœur vous est connu :
N'oubliez pas ma fenêtre
Quand l'hiver sera venu.

II

Nous...

Vous dont l'esprit penche vers l'athéisme,
Et de la foi repousse le flambeau,
Ah ! laissez-moi, par un heureux sophisme
Rêver la vie au delà du tombeau.
Si notre corps contient une parcelle
Du Créateur qui nous mit ici-bas,
Ainsi que lui notre âme est...

I

Un matin qu'il neigeait bien fort,
Deux petits pâtres du village,
Joyeux comme on l'est au jeune âge,
Allaient ramasser du bois mort.
Tous deux chantaient quand Marceline
Leur dit d'un accent triste et doux :
En longeant la forêt voisine,
...