LA TAXE AU SAINT-EMPIRE. — LA DÎME AU SAINT-SIÉGE
L'un s'appelle César, l'autre se nomme Pierre.
Celui-là fait le guet, celui-ci la prière ;
Tous deux sont embusqués au détour du chemin,
Ont au poing l'escopette, et la sébile en main,
Vident les sacs d'argent, partagent les maraudes,
Et l'on règne, et l'on fait payer les émeraudes
Des tiares à ceux qui n'ont pas de souliers.
Les dogmes et les lois sont de profonds halliers
Où des tas de vieux droits divins mêlent leurs branches ;
Qui mendie en cette ombre a ses allures franches ;
Nul n'échappe. Arrêtez ! il faut payer, de gré
Ou de force, en passant dans le noir bois sacré.
Les peuples, que l'infâme ignorance ravage,
Ont au front la sueur de l'antique esclavage.
Christ, c'est pour eux qu'au pied de ta croix, tu prias !
Ils sont les travailleurs ; ils sont les parias ;
Ils sont les patients qu'on traîne sur des claies.
Certes, rien ne leur manque ; ils ont beaucoup de plaies,
Beaucoup d'infirmités qu'ils ne peuvent guérir,
Beaucoup de maux, beaucoup de petits à nourrir ;
C'est à ces riches-là que demandent l'aumône
Ce meurt-de-faim, l'autel, et ce pauvre, le trône.