Le silence et la solitude,
Les ténèbres et le secret
Sont les apaiseurs du regret,
Du doute et de l’inquiétude.
À creuser le songe on n’extrait
Que l’ironique incertitude.
Le monde, un moment, vous distrait
Avec sa folle multitude,
Mais, lorsqu’on en a fait l’étude,
On en retrouve le portrait
Dans sa propre vicissitude.
Au contraire, univers discret,
Sans mensonge, sans turpitude,
La nature a tant d’intérêt,
De grâce, de sollicitude
Dans ses détails, son amplitude,
Que l’on s’oublie à son attrait.
La tristesse, au creux d’un guéret,
Devient de la bonne hébétude,
Et le vol d’un chardonneret
Vous remplit de mansuétude.
On vieillit comme une forêt
Sans guetter sa décrépitude,
Et l’on trouve son mal moins rude,
Très douce, la mort apparaît,
Quand, par volontaire habitude,
On cherche l’ombre et le secret,
Le silence et la solitude.