Toi qui mâentends sans peur te parler de la mort,
Parce que ton espoir te promet quâelle endort
Et que le court sommeil commencé dans son ombre
Sâachève au clair pays des étoiles sans nombre,
Reçois mon dernier vÅu pour le jour où jâirai
Tenter seul, avant toi, si ton espoir dit vrai.
Ne cultive au-dessus de mes paupières closes
Ni de grands dahlias, ni dâorgueilleuses roses,
Ni de rigides lis : ces fleurs montent trop haut.
Ce ne sont pas des fleurs si fières quâil me faut,
Car je ne sentirais de ces raides voisines
Que le tâtonnement funèbre des racines.
Au lieu des dahlias, des roses et des lis,
Transplante près de moi le gai volubilis
Qui, familier, grimpant le long du vert treillage
Pour denteler lâazur où ton âme voyage,
Forme de ta beauté le cadre habituel
Et fait de ta fenêtre un jardin dans le ciel.
Voilà le compagnon que je veux à ma cendre :
Flexible, il saura bien jusque vers moi descendre.
Quand tu lâauras baisé, chérie, en me nommant,
Par quelque étroite fente il viendra doucement,
Messager de ton cÅur, dans ma suprême couche,
Fleurir de ton espoir le néant de ma bouche.