Rends-le-moi, rends-le-moi, ce gracieux sourire
Que j’ai cru sur ta lèvre entrevoir en passant !
Qu’il soit né d’un caprice, ou que l’amour l’inspire,
N’importe ! — rends-le-moi, ce gracieux sourire,
Je veux me croire aimé, ne fût-ce qu’un instant.
Je sais que ton regard ne brille que pour plaire ;
Que sa flamme est pareille à la froide lumière
Qu’en nos climats glacés nous verse le soleil ;
Que c’est au prix des pleurs que tu vends ton sourire,
Et que tu fais payer une heure de délire
Par des jours d’amertume, et des nuits sans sommeil.
Mais j’ai besoin d’aimer, de croire à l’espérance ;
J’ai besoin que sa fleur sur ma triste existence
Jette un léger parfum qui réveille mon cœur ;
Détrompé mille fois, ce cœur veut l’être encore :
Je te crains, mais te suis ; te maudis, mais t’adore,
Et j’ai soif d’être ému, même au prix du malheur.
Rends-moi donc, rends-le-moi, ce gracieux sourire,
Que j’ai cru sur ta lèvre entrevoir en passant ;
Qu’il soit né d’un caprice, ou que l’amour l’inspire,
N’importe ! — rends-le-moi, ce gracieux sourire ;
Que je me croie aimé, ne fût-ce qu’un instant !