Le Parnasse contemporain/1876/Au coin du feu

Pardonnez-moi, je veux bien être votre amant,
Je vous trouve excitante et vous l’êtes, ma chère ;
Mais je dois avant tout vous parler franchement :
Pauvre, on réside aux champs où la vie est peu chère.

Oui, madame, je suis un homme absolument
Agreste, ancré parmi la ronce et la jachère,
Je panse de mes mains ma vache et ma jument.
(Vous feriez, j’en conviens, une exquise vachère !)

J’ai des chèvres, j’ai des cochons, j’ai des brebis,
Des poules, des pigeons à gorge de rubis,
J’ai de beaux chats et j’ai Pasteur, mon chien superbe.

Quoi ! ce n’est point un sort amer que je subis
Et, blanche, vous voulez tâter à mon pain bis ?
Ah ! que je vais t’aimer au grand soleil, dans l’herbe !

Collection: 
1971

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Il avait sur l’échine une croix pour blason !
Poussif, galeux, arqué, chauve et la dent pourrie,
Squelette, on le traînait, hélas ! à la voirie.
Je l’achetai cent sous ; il loge en ma maison.

Sa langue avec amour épile ma prairie
Et son œil réfléchit les arbres, le...

Comment cela se fit !… Eh ! mon Dieu, par hasard !
En juin, l’autre été, vers minuit, j’allai chez elle,
Assise au clavecin, elle lisait Mozart ;
En entrant, je lui dis : « Bonsoir, mademoiselle !… »

Elle était tout en blanc ainsi qu’une donzelle,
Ses cheveux,...

Pardonnez-moi, je veux bien être votre amant,
Je vous trouve excitante et vous l’êtes, ma chère ;
Mais je dois avant tout vous parler franchement :
Pauvre, on réside aux champs où la vie est peu chère.

Oui, madame, je suis un homme absolument
Agreste, ancré parmi...