Le Parnasse contemporain/1869/Une comparaison

Point de repos pour l’âme humaine
Sur ce monceau de terre où nous sommes jetés :
Les chagrins & les maux d’une incessante haleine
Y soufflent leur vapeur malsaine,
Et ce n’est que de peine en peine
Qu’on arrive à la fin de ses jours agités.
Ainsi de l’Océan l’onde amère & sauvage ;
Remuée en tous sens par le fouet de l’orage,
Elle écume, bouillonne & n’expire au rivage
Qu’en flots plaintifs & tourmentés.

O mer ! que sur ta sombre face
Les feux purs du soleil nous luisent rarement !
Même quand, sous les cieux éclaircis, la bonace

De l’orage efface la trace
Et permet à la noire masse
De refléter l’azur, ah ! ce n’est qu’un moment ;
Le vent du sort mauvais bientôt avec furie
Se relève, & des coups de son aile ennemie
Pousse sur un écueil l’esquif de notre vie
Et l’y fracasse horriblement.

Collection: 
1971

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