Le Parnasse contemporain/1866/Le Songe

Emporté ce matin par un dernier sommeil,
Je guidais, dans mon rêve, un quadrige en ivoire ;
Ce char resplendissant trouble encore ma mémoire,
Avec ses chevaux blonds, tels que ceux du soleil.

Au Dieu qui fait le jour je me trouvais pareil :
Tous les crins rayonnaient pour m’aider à le croire,
Et, voltigeant vers moi, m’entouraient d’une gloire ;
Mais soudain un baiser m’a conduit au réveil.

Où suis-je ? Entre tes bras, maîtresse blanche et blonde,
Sur l’éclat de ton sein ma tête vagabonde,
Tes cheveux rutilants éblouissent mes yeux.

Amour, n’insultons plus à la vertu des songes ;
L’aimable Vérité se prête à leurs mensonges,
Mon rêve eut bien raison de m’égaler aux dieux.

Collection: 
1971

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Maître Watteau, dans l’art d’agrémenter un rêve,
Je suis votre confrère & non pas votre élève.
Vraiment, si j’empruntais la règle de mon goût,
Je la devrais aux Grecs, à leurs marbres surtout.
Inhabile à tirer profit des biens d’un autre,
Je vis de mon caprice...

Eh quoi ! votre printemps sourit à mon automne,
Y pensez-vous, jeune beauté !
J’ai l’âge où les ardeurs ont besoin d’une tonne ;
Il faut à boire à ma gaîté....

Par un bienfait des destinées,
D'accord avec ma grand’ maman,
J’ai vécu mes jeunes années
Sur le pâtis de l’Isle-Adam.

J’ai poussé dans de l’herbe folle,
Comme un modeste liseron.
Je gaminais, après l’école,
Avec le trèfle & le mouron.

Quand...

J’ai pour Polichinel un fond de vieille haine :
Ce méchant contrefait rend la gaîté malsaine,
Et Guignol est un sot, l’ayant choisi bossu,
Et le montrant brutal, de l’avoir fait cossu.
Quel profit pour le goût de nos chers petits singes !
C’est la difformité qui...

Emporté ce matin par un dernier sommeil,
Je guidais, dans mon rêve, un quadrige en ivoire ;
Ce char resplendissant trouble encore ma mémoire,
Avec ses chevaux blonds, tels que ceux du soleil.

Au Dieu qui fait le jour je me trouvais pareil :
Tous les crins...