Larmes

Larmes aux fleurs suspendues,
Larmes de sources perdues
Aux mousses des rochers creux ;

Larmes d'automne épandues,
Larmes de cors entendues
Dans les grands bois douloureux ;

Larmes des cloches latines,
Carmélites, Feuillantines...
Voix des beffrois en ferveur ;

Larmes, chansons argentines
Dans les vasques florentines
Au fond du jardin rêveur ;

Larmes des nuits étoilées,
Larmes de flûtes voilées
Au bleu du pare endormi ;

Larmes aux longs cils perlées,
Larmes d'amante coulées
Jusqu'à l'âme de l'ami ;

Gouttes d'extase, éplorement délicieux,
Tombez des nuits ! Tombez des fleurs ! Tombez des yeux !

Et toi, mon coeur, sois le doux fleuve harmonieux,
Qui, riche du trésor tari des urnes vides,
Roule un grand rêve triste aux mers des soirs languides.

Collection: 
1879

More from Poet

  • En juillet, quand midi fait éclater les roses,
    Comme un vin dévorant boire l?air irrité,
    Et, tout entier brûlant des fureurs de l?été,
    Abîmer son coeur ivre au gouffre ardent des choses.

    Voir partout la vie, une en ses métamorphoses,
    Jaillir ; et l?Amour, nu comme...

  • Mon coeur est un beau lac solitaire qui tremble,
    Hanté d'oiseaux furtifs et de rameaux frôleurs,
    Où le vol argenté des sylphes bleus s'assemble
    En un soir diaphane où défaillent des fleurs.

    La lune y fait rêver ses pâleurs infinies ;
    L'aurore en son cristal baigne...

  • Partout la mer unique étreint l'horizon nu,
    L'horizon désastreux où la vieille arche flotte ;
    Au pied du mât penchant l'Espérance grelotte,
    Croisant ses bras transis sur son coeur ingénu.

    Depuis mille et mille ans pareils, le soir venu,
    L'Ame assise à la barre,...

  • Oh ! Écoute la symphonie ;
    Rien n'est doux comme une agonie
    Dans la musique indéfinie
    Qu'exhale un lointain vaporeux ;

    D'une langueur la nuit s'enivre,
    Et notre coeur qu'elle délivre
    Du monotone effort de vivre
    Se meurt d'un trépas langoureux.

    ...

  • Les désespoirs sont morts, et mortes les douleurs.
    L'espérance a tissé la robe de la terre ;
    Et ses vieux flancs féconds, travaillés d'un mystère,
    Vont s'entr'ouvrir encor d'une extase de fleurs.

    Les temps sont arrivés, et l'appel de la femme,
    Ce soir, a retenti...