La Rivière de Cassis

La Rivière de Cassis roule ignorée
         En des vaux étranges :
La voix de cent corbeaux l’accompagne, vraie
         Et bonne voix d’anges :
Avec les grands mouvements des sapinaies
         Quand plusieurs vents plongent.

Tout roule avec des mystères révoltants
         De campagnes d’anciens temps ;
De donjons visités, de parcs importants :
         C’est en ces bords qu’on entend
Les passions mortes des chevaliers errants :
         Mais que salubre est le vent !

Que le piéton regarde à ces claires-voies :
         Il ira plus courageux.
Soldats des forêts que le Seigneur envoie,
         Chers corbeaux délicieux !
Faites fuir d’ici le paysan matois
         Qui trinque d’un moignon vieux.

Collection: 
1874

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