— Triste dame, mon âme,
De quel séjour de deuil et d’or,
Viens-tu, ce soir, parler encor,
Triste dame, mon âme ?
— Je viens d’un palais de flambeaux
Dont j’ai brisé les portes closes ;
Je tiens, entre mes mains, les roses
Qui fleuriront sur ton tombeau…
— Douce dame, mon âme,
Puisque la mort doit survenir,
J’ai la crainte de l’avenir,
Douce dame, mon âme.
— Ce que tu crains c’est ta beauté.
La vie en haut, la mort sous terre
Tressent les fleurs de leur mystère
Au front de ton éternité.
— Belle dame, mon âme,
Le temps passe en grand deuil
Avec sa faulx, contre mon seuil,
Belle dame, mon âme.
— Le temps n’est qu’un mensonge : il fuit ;
Seul existe celui qui crée
Emprisonnant l’ample durée
Dans l’heure où son génie écrit.