La Fleur des eaux

 
Dans les climats d'où vient la myrrhe,
Loin des rivages, sur les flots,
Il nait une fleur qu'on admire,
Et dont l'odeur, quand on l'aspire,
Donne l'extase aux matelots.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il meurt sans le dire.
Savez-vous son nonir
Oh non !

Fleur tout prodige et tout mystère,
L'abîme amer est son berceau ;
Nul fil ne l'attache à la terre,
Nulle main ne la désaltère,
Nulle ancre ne la tient sous l'eau.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !

Elle est pale comme une joue
Dont l'amour a bu les couleurs ;
Et, quand la vague la secoue,
De son bouton qui se dénoue
Il pleut une sève de pleurs.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !

Les cygnes noirs nagent en troupe
Pour voir de près fleurir ses yeux ;
Le pêcheur, penché sur sa poupe,
Croit qu'une étoile du saint groupe
Est tombée, en dormant, des cieux.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !

Elle ondoie avec la surface
Du courant qui croit l'entraîner ;
Mais le jour ou le flot qui passe
La retrouve à la même place
Où notre œil semble l'enchaîner.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !

Le marin dit : « Comment prend-elle
Sa douce vie au flot amer ?
Plante unique et surnaturelle,
Pour puiser sa sève immortelle,
Plonge-t-elle au fond de la mer ? »

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !
 
Le secret de la fleur marine,
Je le sais par une autre fleur :
Plante sans tige et sans racine,
Chacun cherche et nul ne devine
Que sa sève sort d'un seul cœur.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !

 
Dans les climats d'où vient la myrrhe,
Loin des rivages, sur les flots,
Il nait une fleur qu'on admire,
Et dont l'odeur, quand on l'aspire,
Donne l'extase aux matelots.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il meurt sans le dire.
Savez-vous son nonir
Oh non !

Fleur tout prodige et tout mystère,
L'abîme amer est son berceau ;
Nul fil ne l'attache à la terre,
Nulle main ne la désaltère,
Nulle ancre ne la tient sous l'eau.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !

Elle est pale comme une joue
Dont l'amour a bu les couleurs ;
Et, quand la vague la secoue,
De son bouton qui se dénoue
Il pleut une sève de pleurs.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !

Les cygnes noirs nagent en troupe
Pour voir de près fleurir ses yeux ;
Le pêcheur, penché sur sa poupe,
Croit qu'une étoile du saint groupe
Est tombée, en dormant, des cieux.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !

Elle ondoie avec la surface
Du courant qui croit l'entraîner ;
Mais le jour ou le flot qui passe
La retrouve à la même place
Où notre œil semble l'enchaîner.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !

Le marin dit : « Comment prend-elle
Sa douce vie au flot amer ?
Plante unique et surnaturelle,
Pour puiser sa sève immortelle,
Plonge-t-elle au fond de la mer ? »

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !
 
Le secret de la fleur marine,
Je le sais par une autre fleur :
Plante sans tige et sans racine,
Chacun cherche et nul ne devine
Que sa sève sort d'un seul cœur.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !

Collection: 
1810

More from Poet

  • Sur les ruines de Rome.

    Un jour, seul dans le Colisée,
    Ruine de l?orgueil romain,
    Sur l?herbe de sang arrosée
    Je m?assis, Tacite à la main.

    Je lisais les crimes de Rome,
    Et l?empire à l?encan vendu,
    Et, pour élever un seul homme,
    L?univers si bas...

  • Ainsi, quand l'aigle du tonnerre
    Enlevait Ganymède aux cieux,
    L'enfant, s'attachant à la terre,
    Luttait contre l'oiseau des dieux;
    Mais entre ses serres rapides
    L'aigle pressant ses flancs timides,
    L'arrachait aux champs paternels ;
    Et, sourd à la voix...

  • (A un poète exilé)

    Généreux favoris des filles de mémoire,
    Deux sentiers différents devant vous vont s'ouvrir :
    L'un conduit au bonheur, l'autre mène à la gloire ;
    Mortels, il faut choisir.

    Ton sort, ô Manoel, suivit la loi commune ;
    La muse t'enivra de...

  • A Mme de P***.
    Il est pour la pensée une heure... une heure sainte,
    Alors que, s'enfuyant de la céleste enceinte,
    De l'absence du jour pour consoler les cieux,
    Le crépuscule aux monts prolonge ses adieux.
    On voit à l'horizon sa lueur incertaine,
    Comme les...

  • C'est une nuit d'été ; nuit dont les vastes ailes
    Font jaillir dans l'azur des milliers d'étincelles ;
    Qui, ravivant le ciel comme un miroir terni,
    Permet à l'oeil charmé d'en sonder l'infini ;
    Nuit où le firmament, dépouillé de nuages,
    De ce livre de feu rouvre...