La Ceinture

Quand le ciel couleur d’une joue
Laisse enfin les yeux le chérir
Et qu’au point doré de périr
Dans les roses le temps se joue,

Devant le muet de plaisir
Qu’enchaîne une telle peinture,
Dans une Ombre à libre ceinture
Que le temps est près de saisir.

Cette ceinture vagabonde
Fait dans le souffle aérien
Frémir le suprème lien
De mon silence avec ce monde...

Absent, présent... Je suis bien seul,
Et sombre, ô suave linceul !

Quand le ciel couleur d’une joue
Laisse enfin les yeux le chérir
Et qu’au point doré de périr
Dans les roses le temps se joue,

Devant le muet de plaisir
Qu’enchaîne une telle peinture,
Dans une Ombre à libre ceinture
Que le temps est près de saisir.

Cette ceinture vagabonde
Fait dans le souffle aérien
Frémir le suprème lien
De mon silence avec ce monde...

Absent, présent... Je suis bien seul,
Et sombre, ô suave linceul !

Collection: 
1891

More from Poet

  • Vue

    Si la plage planche, si
    L’ombre sur l’œil s’use et pleure
    Si l’azur est larme, ainsi
    Au sel des dents pure affleure

    La vierge fumée ou l’air
    Que berce en soi puis expire
    Vers l’eau debout d’une mer
    Assoupie en son empire

    Celle qui sans les ouïr...

  • J’ai, quelque jour, dans l’Océan,
    (mais je ne sais plus sous quels cieux),
    Jeté, comme offrande au néant,
    Tout un peu de vin précieux...

    Qui voulut ta perte, ô liqueur ?
    J’obéis peut-être au devin ?
    Peut-être au souci de mon cœur,
    Songeant au sang,...

  • Si tu veux dénouer la forêt qui t’aère
    Heureuse, tu te fonds aux feuilles, si tu es
    Dans la fluide yole à jamais littéraire,
    Traînant quelques soleils ardemment situés

    Aux blancheurs de son flanc que la Seine caresse
    Émue, ou pressentant l’après-midi chanté,
    ...

  • Celles qui sont des fleurs légères sont venues,
    Figurines d’or et beautés toutes menues
    Où s’irise une faible lune... Les voici
    Mélodieuses fuir dans le bois éclairci.
    De mauves et d’iris et de nocturnes roses
    Sont les grâces de nuit sous leurs danses écloses....

  • Un feu distinct m’habite, et je vois froidement
    La violente vie illuminée entière...
    Je ne puis plus aimer seulement qu’en dormant
    Ses actes gracieux mélangés de lumière.

    Mes jours viennent la nuit me rendre des regards,
    Après le premier temps de sommeil malheureux...