La Beatriz

En las tierras cenicientas, calcinadas, sin verdor,
Como yo me lamentara un día a la Natura,
Mientras mi pensamiento vagaba al azar,
Agucé lentamente sobre mi corazón el puñal,
Y vi en pleno mediodía descender sobre mi cabeza
La nube fúnebre y pesada de una tempestad,
Que llevaba un tropel de demonios viciosos,
Parecidos a enanos crueles y curiosos.
A considerarme fríamente se pusieron
Y, como viandantes sobre un loco que admiran,
Los escuché reír y cuchichear entre ellos,
Cambiando muchas señas y guiñadas.

—"Contemplemos complacidos esta caricatura
Y esta sombra de Hamlet imitando su postura,
La mirada indecisa y los cabellos al viento.
¿No inspira gran piedad ver a este buen compañero,
Este vagabundo, este histrión vacante, este bribón,
Porque sabe desempeñar artísticamente su rol,
Empeñarse en atraer con la canción de sus dolores
Las águilas, los grillos, los arroyos y las flores,
Y hasta a nosotros, autores de estos viejos papeles,
Recitarnos aullando sus tiradas públicas?"

Habría podido (mi orgullo alto cual los montes
Domina la nube y el grito de los demonios)
Desviar simplemente mi testa soberana,
Si no hubiera visto entre su tropel, obscena,
¡Crimen que no hizo vacilar al sol!
La reina de mi corazón, la de mirada incomparable,
Que se reía con ellos de mi sombría angustia
Y les hacía, a veces, alguna sucia caricia.

Collection: 
1841

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