L’Or

 
Cachez-le bien,
On nous guette peut-être ;
Cachez-le bien :
J’ai peur que le soleil,
Quand midi luit à ma fenêtre,
Ne me le prenne.

Cachez-le bien,
Non pas ici, mais dans la huche,

 
Cachez-le bien,
On nous guette peut-être ;
Cachez-le bien :
J’ai peur que le soleil,
Quand midi luit à ma fenêtre,
Ne me le prenne.

Cachez-le bien,
Non pas ici, mais dans la huche,

Non pas ici, mais bien là-bas,
Sous les plâtras
Et sous les bûches,
On ne sait pas, — on ne sait pas,
Par quel chemin quelqu’un viendra.

Que le jour entre ou bien que la nuit sorte,
Qu’importe !
N’ouvrez jamais à deux battants
La porte.
Ne bougez pas, ne bougez pas,
J’entends un bruit intermittent,
J’entends un pas,
Un pas, là-bas.

L’entendez-vous, l’entendez-vous,
On fait glisser, comme une quille
Dans ses crampons, le vieux verrou.
L’entendez-vous, l’entendez-vous,
Jamais je ne serai tranquille.

Non pas ici, mais bien là-bas,
Sous les plâtras
Et sous les bûches,
On ne sait pas, — on ne sait pas,
Par quel chemin quelqu’un viendra.

Que le jour entre ou bien que la nuit sorte,
Qu’importe !
N’ouvrez jamais à deux battants
La porte.
Ne bougez pas, ne bougez pas,
J’entends un bruit intermittent,
J’entends un pas,
Un pas, là-bas.

L’entendez-vous, l’entendez-vous,
On fait glisser, comme une quille
Dans ses crampons, le vieux verrou.
L’entendez-vous, l’entendez-vous,
Jamais je ne serai tranquille.

 
On me croit vieux, on me croit vieux,
Mais qui donc entendrait mieux
Que je n’entends dans les ténèbres ?
Qu’il fasse nuit ou bien soleil,
J’ai pour me tenir en éveil
La bonne peur dans mes vertèbres.

Sous l’armoire, cachez-vous bien,
Puis, imitez l’aboi d’un chien.
L’ombre se fait, l’heure est obscure,
Dites, ne voyez-vous donc pas
Qu’un œil est là, qu’un œil est là
Qui regarde par la serrure ?

Le temps s’enfuit et l’œil s’en va.
Ce qui trottait, c’étaient les rats
Dans le fournil, près des falourdes.
Le sommeil vient — ma tête est lourde ;

 
On me croit vieux, on me croit vieux,
Mais qui donc entendrait mieux
Que je n’entends dans les ténèbres ?
Qu’il fasse nuit ou bien soleil,
J’ai pour me tenir en éveil
La bonne peur dans mes vertèbres.

Sous l’armoire, cachez-vous bien,
Puis, imitez l’aboi d’un chien.
L’ombre se fait, l’heure est obscure,
Dites, ne voyez-vous donc pas
Qu’un œil est là, qu’un œil est là
Qui regarde par la serrure ?

Le temps s’enfuit et l’œil s’en va.
Ce qui trottait, c’étaient les rats
Dans le fournil, près des falourdes.
Le sommeil vient — ma tête est lourde ;

Mais qui prendra quelque repos
S’il n’a son or, là, sous sa peau ?

Ah ! si mon or était mes os !

Mais qui prendra quelque repos
S’il n’a son or, là, sous sa peau ?

Ah ! si mon or était mes os !

Collection: 
1912

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