L’Olivier

Bel arbre au tronc penché, noirs et noueux rameaux,
Feuillage pâlissant, tige à la baie amère,
De qui retient son nom la hauteur solitaire
Où Jésus dans la nuit vint pleurer sur nos maux ;

Pathétique olivier, au seuil des temps nouveaux,
Toi qui vis, s’effrayant de son calice austère,
L’Homme-Dieu défaillir et supplier son Père
Pour sa chair qui frissonne à l’horreur des tombeaux ;

D’un sourire autrefois Athéné, la déesse,
Te fit surgir du sol, emblême de sagesse,
D’abondance et de paix, ô doux victorieux !

Et quand je viens m’asseoir sous ton ombrage antique,
Ta chrétienne tristesse, avec ta grâce attique,
Pénètre et charme ensemble et mon âme et mes yeux.

Collection: 
1880

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De ma sérénité tu voudrais le secret,
M’as-tu dit ; et savoir comment à mon visage
Jamais amour ou haine, espérance ou regret,
Ne jette une rougeur qui trahisse au passage
Les orages de l’âme et le bouillonnement
D’un sang fier qui s’indigne ou s’exalte ; et comment...

Bel arbre au tronc penché, noirs et noueux rameaux,
Feuillage pâlissant, tige à la baie amère,
De qui retient son nom la hauteur solitaire
Où Jésus dans la nuit vint pleurer sur nos maux ;

Pathétique olivier, au seuil des temps nouveaux,
Toi qui vis, s’effrayant de...

Non, tu n’entendras pas, de sa lèvre trop fière,
Dans l’adieu déchirant un reproche, un regret.
Nul trouble, nul remords pour ton âme légère
En cet adieu muet.

Tu croiras qu’elle aussi, d’un vain bruit enivrée...