L’Enlèvement d’Antiope

 
Tel qu’un aigle élancé du plus noir firmament,
Le héros a saisi dans sa puissante serre
L’Amazone. Il l’a prise, il la tient et la serre
Et l’emporte au galop de l’étalon fumant.

À ses cris, à ses bras levés éperdument
Le ciel n’a répondu que par un sourd tonnerre,
Et la bête sous qui fuit et tremble la terre
Redouble sa terreur à son hennissement.

L’air que déchire leur vertigineuse allure
Fait voler derrière eux la longue chevelure
Et lui cingle la gorge avec le fouet des crins.

Et partout, sur sa chair férocement baisée,
Elle a senti courir de sa nuque à ses reins
Le rire triomphal des lèvres de Thésée.

Octobre 1904.

Collection: 
1862

More from Poet

Un des consuls tué, l'autre fuit vers Linterne
Ou Venuse. L'Aufide a débordé, trop plein
De morts et d'armes. La foudre au Capitolin
Tombe, le bronze sue et le ciel rouge est terne.

En vain le Grand Pontife a fait un lectisterne
Et consulté deux fois l'oracle...

Jadis, à travers bois, rocs, torrents et vallons,
Errait le fier troupeau des Centaures sans nombre ;
Sur leurs flancs le soleil se jouait avec l'ombre ;
Ils mêlaient leurs crins noirs parmi nos cheveux blonds.

L'été fleurit en vain l'herbe. Nous la foulons
Seules...

Au rude Arès ! A la belliqueuse Discorde !
Aide-moi, je suis vieux, à suspendre au pilier
Mes glaives ébréchés et mon lourd bouclier,
Et ce casque rompu qu'un crin sanglant déborde.

Joins-y cet arc. Mais, dis, convient-il que je torde
Le chanvre autour du bois ? -...

Le quadrige céleste à l'horizon descend,
Et, voyant fuir sous lui l'occidentale arène,
Le Dieu retient en vain de la quadruple rêne
Ses étalons cabrés dans l'or incandescent.

Le char plonge. La mer, de son soupir puissant,
Emplit le ciel sonore où la pourpre se...

Sous l'azur triomphal, au soleil qui flamboie,
La trirème d'argent blanchit le fleuve noir
Et son sillage y laisse un parfum d'encensoir
Avec des sons de flûte et des frissons de soie.

A la proue éclatante où l'épervier s'éploie,
Hors de son dais royal se penchant...