oute pensée est une fleur
Unique en son espèce,
Qui naît, s’ouvre et brille, lueur
Dans notre nuit épaisse.
Elle paraît et disparaît
Comme un rêve à l’aurore.
D’où vient-elle ? C’est son secret.
Où va-t-elle ? On l’ignore.
Dans son éclat, dans sa fraîcheur,
Avant qu’elle nous laisse,
Embaumons-la, forme et couleur,
La frêle enchanteresse.
Toute pensée est une fleur
Unique en son espèce.
u dis : « Cette pensée est à moi. » Non mon frère,
Elle est en toi, rien n’est à nous.
Tous l’ont eue ou l’auront. Ravisseur téméraire,
Au domaine commun bien loin de la soustraire,
Rend-la comme un dépôt : Partager est si doux !
a lune en son croissant, la lune en son décours
Est autre d’apparence ;
La lune cependant est la même toujours,
Malgré la différence.
De nous-mêmes ainsi nous ne montrons jamais
Qu’un aspect de passage ;
Nous nous contredisons chaque jour à peu près,
Mais nous contredisant, si nous demeurons vrais,
Nous avons à la fin réuni tous les traits
D’une fidèle image.
n rouvrant les yeux, auprès de ma couche
Qu’est-ce que je vois guettant mon réveil?
C’est de mes soucis le troupeau farouche
Qu’avait un moment chassé le sommeil.
Qu’ils sont loin de moi ces temps d’allégresse,
Dont je n’ai que tard connu la valeur !
’est un matin d’octobre et la vue est sublime :
Baignant au bord du lac qui rend le ciel jaloux,
Leur pied dans la vapeur et dans l’azur leur cime,
Nos sept monts ont en cercle un air de rendez-vous.
Sur les profondeurs flotte une langueur intime ;
L’automne aux vergers mûrs prodigue les tons roux ;