I’ay esté par vn long temps
Deceue de l’esperance :
Et si encor point n’attens
D’elle plus grand’asseurance,
Que celle là, que ma foy
Me peult promettre de soy.
Ie voy les vns fort contents,
Les autres pleins de souffrance :
De ceulx là les rys i’entens,
De ceulx cy la douleance :
Ces passions i’apperçoy
Regner toutes deux en moy.
Ie rys du bien ou ie tens
En tresgrand’ resiouyssance :
Et pleure, que ie pretens
Qu'vn autre en ayt iouyssance :
Ce que de mes yeulx ie voy,
Et a grand peine le croy.
Toutesfois tel passetemps
Me donne encor confiance,
Qu'vn iour ie verray le temps,
Que cil fera la vengeance
Du mal qu'il m'à faict de soy
Au bien, ou ie me deçoy.
J’ai été par un long temps
Déçue de l’espérance :
Et si encore point n'attends
D’elle plus grande assurance,
Que celle-là, que ma foi
Me peut promettre de soi.
Je vois les uns fort contents,
Les autres plein de souffrances :
De ceux-là les ris j’entends,
De ceux-ci la douléance
Ces passions j’aperçois
Régner toutes deux en moi.
Je ris du bien, où je tends
En très grande réjouissance :
Et pleure, que je prétends
Qu’un autre en ait jouissance :
Ce que de mes yeux je vois,
Et à grande peine le crois.
Toutefois tel passe-temps
Me donne encore confiance,
Qu’un jour je verrai le temps,
Que cil fera la vengeance
Du mal qu’il m’a fait de soi
Au bien où je me déçois.