El veneno

El vino sabe revestir el más sórdido antro
De un lujo milagroso,
Y hace surgir más de un pórtico fabuloso
En el oro de su vapor rojizo,
Como un sol poniéndose en un cielo nebuloso.

El opio agranda lo que no tiene límites,
Prolonga lo ilimitado,
Profundiza el tiempo, socava la voluptuosidad,
Y de placeres negros y melancólicos
Colma el alma más allá de su capacidad.

Todo eso no vale el veneno que destila
De tus ojos, de tus ojos verdes,
Lagos donde mi alma tiembla y se ve al revés...
Mis sueños acuden en tropel
Para refrescarse en esos abismos amargos.

Todo esto no vale el terrible prodigio
De tu saliva que muerde,
Que sume en el olvido mi alma sin remordimiento,
¡Y, arrastrando el vértigo,
La rueda desfalleciente en las riberas de la muerte!

Collection: 
1841

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