El hombre y el mar

¡Hombre libre, siempre adorarás el mar!
El mar es tu espejo; contemplas tu alma
En el desarrollo infinito de su oleaje,
Y tu espíritu no es un abismo menos amargo.

Te complaces hundiéndote en el seno de tu imagen;
La abarcas con ojos y brazos, y tu corazón
Se distrae algunas veces de su propio rumor
Al ruido de esta queja indomable y salvaje.

Ambos sois tenebrosos y discretos:
Hombre, nadie ha sondeado el fondo de tus abismos,
¡Oh, mar, nadie conoce tus tesoros íntimos,
Tan celosos sois de guardar vuestros secretos!

Y empero, he aquí los siglos innúmeros
En que os combatís sin piedad ni remordimiento,
Tanto amáis la carnicería y la muerte,
¡Oh, luchadores eternos, oh, hermanos implacables!

Collection: 
1841

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