El enemigo

Mi juventud no fue sino una tenebrosa borrasca,
Atravesada aquí y allá por brillantes soles;
El trueno y la lluvia han hecho tal desastre,
Que restan en mi jardín muy pocos frutos bermejos.

He aquí que he llegado al otoño de las ideas,
Y que es preciso emplear la pala y los rastrillos
Para acomodar de nuevo las tierras inundadas,
Donde el agua orada hoyos grandes como tumbas.

Y ¿quién sabe si las flores nuevas con que sueño
Encontrarán en este suelo lavado como una playa
El místico alimento que haría su vigor?

— ¡Oh, dolor! ¡Oh, dolor! ¡El Tiempo devora la vida,
Y el oscuro Enemigo que nos roe el corazón
Con la sangre que perdemos crece y se fortifica!

Collection: 
1841

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