Souvent, libertin lassé de mon rôle,
J’ai feint un amour à peine éprouvé.
Mais tu m’as guéri, mais je suis sauvé,
Depuis que je dors sur ta jeune épaule.
C’est un sentiment si frais et si pur,
C’est comme une fleur dans mon âme éclose,
Lorsque tendrement ma tête repose
Sur ton humble cœur dont je suis bien sûr.
Je vieillis, j’ai fait deux tiers du voyage ;
Mais si, quelquefois, j’en suis attristé,
Cela passe vite, ainsi qu’en été
Glisse sur les champs l’ombre d’un nuage ;
Car j’ai mon bonheur sincère et permis,
Car je suis certain, ô chère maîtresse,
Que bientôt, hélas ! quand fuira l’ivresse,
Nous serons encor de bons vieux amis...
Et c’est pour jamais ! Et, chauds et fidèles,
Mes derniers désirs vont vers ton amour,
Comme, dans le ciel d’un dernier beau jour,
S’attarde et tournoie un vol d’hirondelles.