Canción de la tarde

Aunque tus cejas malas
Te infunden un aire extraño
Que no es digno de un ángel,
Hechicera de los ojos atrayentes,

¡Yo te adoro!, ¡oh, mi frívola,
Mi terrible pasión!
Con la devoción
del sacerdote por su ídolo.

El desierto y la floresta
Embalsaman tus trenzas rústicas.
Tu cabeza tiene las actitudes
Del enigma y del secreto.

Sobre tu carne el perfume vaga
Como alrededor del incensario;
Tú encantas como la noche,
Ninfa tenebrosa y cálida.

¡Ah! los filtros más fuertes
Nada valen para tu pereza,
¡Y tú conoces la caricia
Que hace revivir a los muertos!

Tus caderas están enamoradas
De tus hombros y de tus senos,
Y tú enardeces los cojines
Con tus actitudes lánguidas.

Algunas veces, para aplacar
Tu rabia misteriosa,
Tú prodigas, seria,
La mordedura y el beso;

Tú me desgarras, mi morena,
Con una risa burlona,
Y luego pones sobre mi corazón
Tu mirada suave como la luna.

Bajo tus escarpines de satín,
Bajo tus encantadores pies de seda,
Yo, yo deposito mi inmensa alegría,
Mi genio y mi destino,

Mi alma por ti curada,
¡Por ti, luz y color!
Explosión de calor
¡En mi negra Siberia!

Collection: 
1841

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