Quand, pareilles aux blés mûrs
Les étoiles toutes blondes
Ont couvert des cieux obscurs
Les solitudes profondes,
La nuit se met en chemin.
Moissonneuse à la peau brune
Qui, pour faucille, à sa main
Tient le croissant de la lune ;
Par le vaste firmament,
Elle fauche, à perdre haleine,
Les épis de diamant
Qui se couchent sur la plaine.
Mais le temps la presse fort,
La besogne est malaisée,
Et, sur la terre qui dort,
Sa sueur tombe en rosée ;
Dans son grand sac tout gonflé,
Elle emporte les javelles
Qui, comme des grains de blé,
Vont semant leurs étincelles ;
Puis, quand revient le jour bleu,
Elle court, traînant ses voiles,
Dans les greniers du bon Dieu
Tasser ses gerbes d’étoiles.