Quand le navire, prêt à quitter le rivage,
A ses voiles au vent, ses matelots à bord,
Et va s’aventurer sur l’Océan sauvage,
Le nautonnier regarde à l’horizon d’abord.
Il cherche si dans l’air rien n’annonce l’orage.
Puis il fait éclater mille cris de transport
Et, se livrant au flot — ou peut-être au naufrage,
Salue avec la voix de ses canons le port.
Aquilon maintenant peut souffler ou Zéphire.
Il part en arborant à sa poupe qui vire
Son drapeau fièrement sur sa hampe affermi.
Ainsi, prêt à céder à l'onde qui l’entraîne,
Ma frêle nef aussi déploie à sa misaine
Son drapeau, rien qu’un nom, mais le tien, mon ami.
5 décembre 1867.