Aide offerte à Majorien

 
Germanie. Forêt. Crépuscule. Camp. Majorien à un créneau.
Une immense horde humaine emplissant l'horizon.

UN HOMME DE LA HORDE.

Majorien, tu veux de l'aide. On t'en apporte.

MAJORIEN.

Qui donc est là ?

L'HOMME.

                                 La mer des hommes bat ta porte.

MAJORIEN.

Peuple, quel est ton chef ?

L'HOMME.

                                         Le chef s'appelle Tous.

MAJORIEN.

As-tu des tyrans ?

L'HOMME

                                Deux. Faim et soif.

MAJORIEN.

                                                                       Qu'êtes-vous ?

L'HOMME.

Nous sommes les marcheurs de la foudre et de l'ombre.

MAJORIEN.

Votre pays ?

L'HOMME

                            La nuit.

MAJORIEN.

                                                 Votre nom ?

L'HOMME.

                                                                              Les sans nombre.

MAJORIEN.

Ce sont vos chariots qu'on voit partout là-bas ?

L'HOMME.

Quelques-uns seulement de nos chars de combats.
Ce que tu vois ici n'est que notre avant-garde.
Dieu seul peut nous voir tous quand sur terre il regarde.

MAJORIEN.

Qu'est-ce que vous savez faire en ce monde ?

L'HOMME.

                                                                    Errer.

MAJORIEN.

Vous qui cernez mon camp, peut-on vous dénombrer ?

L'HOMME.

Oui.

MAJORIEN.

                     Pour passer ici devant l'aigle romaine,
Combien vous faudra-t-il de temps ?

L'HOMME.

                                                        Une semaine.

MAJORIEN.

Qu'est-ce que vous voulez ?

L'HOMME.

                                                    Nous nous offrons à toi.
Car avec du néant nous pouvons faire un roi.

MAJORIEN.

César vous a vaincus.

L'HOMME.

                                          Qui, César ?

MAJORIEN.

                                                                                   Nul ne doute
Que Dentatus n'ait mis vos hordes en déroute.

L'HOMME.

Va-t'en le demander aux os de Dentatus.

MAJORIEN.

Spryx vous dompta.

L'HOMME.

                                  Je ris.

MAJORIEN.

                                                               Cimber vous a battus.

L'HOMME.

Nous n'avons de battu que le fer de nos casques.

MAJORIEN

Qui donc vous a chassés jusqu'ici ?

L'HOMME.

                                                               Les bourrasques,
Les tempêtes, la pluie et la grêle, le vent,
L'éclair, l'immensité ; personne de vivant.
Nul n'est plus grand que nous sur la terre où nous sommes.
Nous fuyons devant Dieu, mais non devant les hommes.
Nous voulons notre part des tièdes horizons.
Si tu nous la promets, nous t'aidons. Finissons.
Veux-tu de nous ? La paix. N'en veux-tu pas ? La guerre.

MAJORIEN.

Me redoutez-vous ?

L'HOMME.

                                           Non.

MAJORIEN.

                                                                  Me connaissez-vous ?

L'HOMME.

                                                                                                               Guère.

MAJORIEN.

Que suis-je pour vous ?

L'HOMME.

                                                 Rien. Un homme. Le romain.

MAJORIEN.

Mais où donc allez-vous ?

L'HOMME.

                                                  La terre est le chemin,
Le but est l'infini, nous allons à la vie.
Là-bas une lueur immense nous convie.
Nous nous arrêterons lorsque nous serons là.

MAJORIEN.

Quel est ton nom à toi qui parles ?

L'HOMME.

                                                           Attila.

Collection: 
1822

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