À Philoxène Boyer

 
      David, brûlé de pures flammes,
      Dans un chant aux notes divines,
      Pour faire soupirer deux âmes
      Croise des rimes féminines.

      La Volupté ravie embrase
      Tout ce cantique des cantiques,
      Et jamais si suave extase
      Ne charma les odes antiques.

      On dirait deux blanches colombes
      Que les feux de l’amour meurtrissent,
      Roucoulant au-dessus des tombes
      Au mois où les roses fleurissent.

      Si comme toi, quand tu te penches
      Sur sa féerie où tout respire,
      J’avais entrevu sous les branches
      Le songe étoilé de Shakspere,

      Je voudrais écrire un poëme
      Dans ce rhythme des cœurs fidèles,
      Aussi doux que le mot : Je t’aime,
      Et rempli de langueurs mortelles,

      Et, comme dans une peinture
      Où se lamente le génie,
      Toutes les voix de la nature
      Pleureraient dans ma symphonie.

Juin 1856.

Collection: 
1843

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Par le chemin des vers luisants,
De gais amis à l'âme fière
Passent aux bords de la rivière
Avec des filles de seize ans.
Beaux de tournure et de visage,
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De leurs vêtements irisés
Comme de vertes demoiselles,
Et ce refrain...

Italie, Italie, ô terre où toutes choses
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Paradis où l'on trouve avec des lauriers-roses
Des sorbets à la neige et des ballets divins !

Terre où le doux langage est rempli de diphthongues !
Voici qu'on pense à toi,...

A travers le bois fauve et radieux,
Récitant des vers sans qu'on les en prie,
Vont, couverts de pourpre et d'orfèvrerie,
Les Comédiens, rois et demi-dieux.

Hérode brandit son glaive odieux ;
Dans les oripeaux de la broderie,
Cléopâtre brille en jupe fleurie...

Grâces, ô vous que suit des yeux dans la nuit brune
Le pâtre qui vous voit, par les rayons de lune,
Bondir sur le tapis folâtre des gazons,
Dans votre vêtement de toutes les saisons !
Et toi qui fais pâmer les fleurs quand tu respires,
Fleur de neige, ô Cypris ! toi...

Eh bien ! mêle ta vie à la verte forêt !
Escalade la roche aux nobles altitudes.
Respire, et libre enfin des vieilles servitudes,
Fuis les regrets amers que ton coeur savourait.

Dès l'heure éblouissante où le matin paraît,
Marche au hasard ; gravis les sentiers les...