À Paul Garnier

Sortilège !
Tu verras.
— Le ciel gras,
Qui s’abrège,

Nous assiège
D’un ramas
De frimas.
Paul, il neige.

Eh bien, Paul,
Vois le sol !
La terrasse

Va changeant
Cette crasse
En argent !

Le souci
Du nuage
Qui voyage
Rit ici !

Ciel noirci,
Blanche plage. —

Neige ! outrage !
Gloire aussi !

Quoi ! la place
Change et classe
Les objets

Et (que croire ?)
Fait le jais
Et l’ivoire !

Collection: 
1845

More from Poet

Quand l’auteur du seul poëme,
Le soir du sixième jour,
Ayant tout fait, fit l’amour,
Il s’en admira lui-même !

Il se dit : « Non ! c’est trop beau !
Alors, pour le ciel que faire ?
Si je mets cela sur terre,
Que mettre dans le tombeau ? »

Il...

Tu vivais tant ! Toujours dans le bois qui t’invite,
Et jamais fatigué, haïssant de t’asseoir,
On avait tant de peine à t’endormir le soir,
Et ton sommeil d’oiseau se réveillait si vite !

Tes nuits s’inquiétaient d’une haleine de l’air,
Comme un canot tressaille...

Ami, l’enjambement te répugne, et tu veux
Que Sara la baigneuse attache ses cheveux
Et rentre dans les fils d’un hamac plus avare
Son petit pied pleuré des mines de Carrare.
Te voilà désolé si la liberté veut
Qu’un mot sorte du vers. Jamais ton vers ne peut,
...

Sortilège !
Tu verras.
— Le ciel gras,
Qui s’abrège,

Nous assiège
D’un ramas
De frimas.
Paul, il neige.

Eh bien, Paul,
Vois le sol !
La terrasse

Va changeant
Cette crasse
En argent !

Le souci
Du nuage...