À Clairette

 
Croyez-moi, mignonne, avec l’amourette
Que nous gaspillons à deux, chaque jour
(Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette),
On pourrait encore faire un peu d’amour.
On fait de l’amour avec l’amourette.

Qui sait ? connaissons un peu mieux nos cœurs.
Qui sait ? cherchons bien…pardon, je m’arrête ;
Vous avez la bouche et l’œil trop moqueurs
(Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette) :
Qui sait ? connaissons un peu mieux nos cœurs.

Voyons, si j’avais dans quelque retraite
Le nid que je rêve et que j’ai cherché,
(Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette),
On aime bien mieux quand on est caché.
Si j’avais un nid dans quelque retraite !

Un nid ! des vallons bien creux, bien perdus.
Plus de falbalas, plus de cigarette ;
Champagne et mâcon seraient défendus,
(Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette)…
Un nid, des vallons bien creux, bien perdus.

Quel bonheur de vivre en anachorète,
Des fleurs et vos yeux pour tout horizon,
(Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette) !
Par le dieu Plutus, j’ai quelque raison
Pour désirer vivre en anachorète.

Eh bien ! cher amour, la nature est prête,
Le nid vous attend… Comment ! vous riez ?
(Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette),
C’était pour savoir ce que vous diriez.

Collection: 
1860

More from Poet

  •  
    Dans ses langes blancs, fraîchement cousus,
    La vierge berçait son enfant-Jésus.
    Lui, gazouillait comme un nid de mésanges.
    Elle le berçait, et chantait tout bas
    Ce que nous chantons à nos petits anges…
    Mais l’enfant-Jésus ne s’endormait pas.

    Étonné,...

  •  
    Je l’ai rencontrée un jour de vendange,
    La jupe troussée et le pied mignon ;
    Point de guimpe jaune et point de chignon :
    L’air d’une bacchante et les yeux d’un ange.

    Suspendue au bras d’un doux compagnon,
    Je l’ai rencontrée aux champs d’Avignon,
    Un...

  •  
    I

    Un soir que je rêvais dans ma chambre, déserte
    Depuis sa mort,
    Un oisillon s’en vint de la fenêtre ouverte
    Raser le bord.

    Il s’en vint, secouant du bec sa robe grise ;
    Et sans effroi,
    Sans façon, je le vis, à ma grande surprise,
    Entrer...

  •  
    Elle rêve, la jeune femme !
    L’œil alangui, les bras pendants,
    Elle rêve, elle entend son âme,
    Son âme qui chante au dedans.

    Tout l’orchestre de ses vingt ans,
    Clavier d’or aux notes de flamme,
    Lui dit une joyeuse gamme
    Sur la clef d’amour du...

  •  
    I

    Si vous voulez savoir comment
    Nous nous aimâmes pour des prunes,
    Je vous le dirai doucement,
    Si vous voulez savoir comment.
    L’amour vient toujours en dormant,
    Chez les bruns comme chez les brunes ;
    En quelques mots voici comment
    Nous...