« Piquante est la bouffée à travers la nuit claire »

Piquante est la bouffée à travers la nuit claire ;
Dans les buissons séchés la bise va sifflant ;
Les étoiles au ciel font froid en scintillant,
Et j’ai, pour arriver, bien du chemin à faire.

Pourtant, je n’ai souci ni de la bise amère,
Ni des lampes d’argent dans le blanc firmament ,
Ni de la feuille morte à l’affreux sifflement,
Ni même du bon gite où tu m’attends, mon frère !

Car je suis tout rempli de l’accueil de ce soir,
Sous un modeste toit où je viens de m’asseoir,
Devisant de Milton l’aveugle au beau visage ;

De son doux Lycidas par l’orage entraîné ;
De Laure en robe verte, en l’avril de son âge,
Et du féal Pétrarque en pompe couronné.

Collection: 
1824

More from Poet

  •    Mon ami, vous voilà père d’un nouveau-né ;
    C’est un garçon encor : le Ciel vous l’a donné
    Beau, frais, souriant d’aise à cette vie amère ;
    À peine il a coûté quelque plainte à sa mère.
    Il est nuit ; je vous vois :… à doux bruit, le sommeil
    Sur un sein blanc qui...

  •   Toujours je la connus pensive et sérieuse :
    Enfant, dans les ébats de l’enfance joueuse
    Elle se mêlait peu, parlait déjà raison ;
    Et, quand ses jeunes sœurs couraient sur le gazon,
    Elle était la première à leur rappeler l’heure,
    À dire qu’il fallait regagner la...

  • Sur un front de quinze ans les cheveux blonds d’Aline,
    Débordant le bandeau qui les voile à nos yeux,
    Baignent des deux côtés ses sourcils gracieux :
    Tel un double ruisseau descend de la colline.

    Et sa main, soutenant ce beau front qui s’incline,
    Aime à jouer...

  • Sous un souflle apaisé quand rit la mer sereine,
    Tout mon cœur s’enhardit, et pour l’humide plaine
    La terre est oubliée : ô mer, je viens à toi !
    Mais qu’un grand vent s’élève et réveille l’effroi,
    Que l’écume du flot blanchisse et fasse rage,
    Tout mon amour alors...

  • Les dimanches d’été, le soir, vers les six heures,
    Quand le peuple empressé déserte ses demeures
          Et va s’ébattre aux champs,
    Ma persienne fermée, assis à ma fenêtre,
    Je regarde d’en haut passer et disparaître
          Joyeux bourgeois, marchands,

    Ouvriers...