Le Parnasse contemporain/1869/L’Écu

Sur l’ais noir incrusté de nacre orientale,
Lourd comme un rituel du saint rite romain,
L’armoriai d’Espagne, en double parchemin
D’Alcoy, relié d’or, tout grand ouvert s’étale.

Une arabesque bleue aux rinceaux de carmin,
Plus éclatante qu’un vitrail de cathédrale,
Sur la première page étire sa spirale
Autour d’un écusson large comme la main.

Et devant l’écusson où la mer des Antilles
A mis ses flots, Léon son lion, les Castilles
Leur château crénelé que somment trois tours d’or,

Le roi d’armes, les bras croisés sur sa cuirasse,
Médite, pâle & grave, étant noble de race,
Car en exergue on lit : « Colon, navegador. »

Collection: 
1971

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Le chemin où je marche est un chemin étroit :
Les foules ne sont pas ce que l’on y redoute,
Mais les cèdres puissants lui forment une voûte,
Un soleil radieux y luit en maint endroit.

Étant né très-naïf, avec le cœur très-droit,
Je n’ai jamais trouvé sous mes pas d...

Sur l’ais noir incrusté de nacre orientale,
Lourd comme un rituel du saint rite romain,
L’armoriai d’Espagne, en double parchemin
D’Alcoy, relié d’or, tout grand ouvert s’étale.

Une arabesque bleue aux rinceaux de carmin,
Plus éclatante qu’un vitrail de cathédrale...

Le front a des blancheurs mates de cire vierge,
Car il est ignorant des choses du Malin,
Et l’âme transparaît sous la robe de lin
Comme à travers l’albâtre une flamme de cierge.

Le pied, chaussé de vair, de l’arabesque émerge,
Et la nuque, appuyée au nimbe d’argent...

Aux hommes de mon temps je rêve un cœur hanté
Par quelque grand projet d’envergure superbe,
Tel que les bons géants qui sommeillent sous l’herbe
En concevaient aux temps féconds de l’équité.

Et, prenant mon désir pour la réalité,
Comme à Lazare mort un jour parla...