Le Parnasse contemporain/1869/Espoir

Aux hommes de mon temps je rêve un cœur hanté
Par quelque grand projet d’envergure superbe,
Tel que les bons géants qui sommeillent sous l’herbe
En concevaient aux temps féconds de l’équité.

Et, prenant mon désir pour la réalité,
Comme à Lazare mort un jour parla le Verbe,
Je leur dis : Levez-vous, car voici que la gerbe
Du froment de justice est mûre cet été.

Morts vivants ! lâches morts qu’aucune voix n’effare,
Ils ne se lèvent pas ainsi que fit Lazare
Et demeurent scellés sous leur abattement.

Mais dussé-je en ôter la pierre avec ma bouche,
Tu luiras, ô grand jour où je vaincrai leur couche,
Car d’un immense espoir mon âme est en tourment.

Collection: 
1971

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Le chemin où je marche est un chemin étroit :
Les foules ne sont pas ce que l’on y redoute,
Mais les cèdres puissants lui forment une voûte,
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Étant né très-naïf, avec le cœur très-droit,
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Sur l’ais noir incrusté de nacre orientale,
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L’armoriai d’Espagne, en double parchemin
D’Alcoy, relié d’or, tout grand ouvert s’étale.

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Et la nuque, appuyée au nimbe d’argent...

Aux hommes de mon temps je rêve un cœur hanté
Par quelque grand projet d’envergure superbe,
Tel que les bons géants qui sommeillent sous l’herbe
En concevaient aux temps féconds de l’équité.

Et, prenant mon désir pour la réalité,
Comme à Lazare mort un jour parla...