Trop tard

Il a parlé. Prévoyante ou légère,
Sa voix cruelle et qui m'était si chère
A dit ces mots qui m'atteignaient tout bas :
"Vous qui savez aimer, ne m'aimez pas !

"Ne m'aimez pas si vous êtes sensible,
"Jamais sur moi n'a plané le bonheur.
"Je suis bizarre et peut-être inflexible ;
"L'amour veut trop : l'amour veut tout un coeur
"Je hais ses pleurs, sa grâce ou sa colère ;
"Ses fers jamais n'entraveront mes pas. "

Il parle ainsi, celui qui m'a su plaire...
Qu'un peu plus tôt cette voix qui m'éclaire
N'a-t-elle dit, moins flatteuse et moins bas :
"Vous qui savez aimer, ne m'aimez pas !

"Ne m'aimez pas ! l'âme demande l'âme.
"L'insecte ardent brille aussi près des fleurs :
"Il éblouit, mais il n'a point de flamme ;
"La rose a froid sous ses froides lueurs.
"Vaine étincelle échappée à la cendre,
"Mon sort qui brille égarerait vos pas."

Il parle ainsi, lui que j'ai cru si tendre.
Ah ! pour forcer ma raison à l'entendre,
Il dit trop tard, ou bien il dit trop bas :
"Vous qui savez aimer, ne m'aimez pas. "

Collection: 
1823

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