Sur les longues veilles

L'astre qui fait le jour dort dans le sein des eaux,
Un silence profond règne en toutes les plaines,
Et les zéphyres seuls par de faibles haleines
D'un petit tremblement agitent les rameaux.

On n'oit plus dans les bois les concerts des oiseaux,
Et l'aimable enchanteur des soucis et des peines,
Le sommeil, au doux bruit des paisibles fontaines,
Charme de ses douceurs et bergers et troupeaux.

Je suis seul qui pressé d'une douleur cruelle
Vois fuir de mes yeux le sommeil que j'appelle,
Les veilles m'ont conduit au bord du monument.

À quel joug la nature en l'homme est asservie !
Il faut pour être heureux perdre le sentiment,
Et mourir chaque nuit pour conserver sa vie.

Collection: 
1639

More from Poet

  • Lorsque dessus la croix un Dieu ferme les yeux,
    Je ne m'étonne pas que le grand oeil du monde,
    Qui tient de ses bontés sa lumière féconde,
    Couvre d'un noir manteau ses rayons précieux.

    Que les spectres des morts paraissent dans ces lieux
    Et de leurs froids tombeaux...

  • L'astre qui fait le jour dort dans le sein des eaux,
    Un silence profond règne en toutes les plaines,
    Et les zéphyres seuls par de faibles haleines
    D'un petit tremblement agitent les rameaux.

    On n'oit plus dans les bois les concerts des oiseaux,
    Et l'aimable...

  • Grâce, qui du grand Paul domptes l'esprit rebelle,
    Que ce coup est fameux ! que ce triomphe est beau !
    Et lui, d'un loup cruel, tu fais un doux agneau,
    Et d'un fier adversaire un apôtre fidèle.

    La croix lui fit horreur, la croix lui semble belle,
    L'ennemi de l'...

  • Quand le Phénix se brûle au céleste flambeau
    Sur un lit précieux d'encens et de cannelle,
    Il reprend dans sa cendre une force nouvelle
    Et pour lui le cercueil se change en un berceau.

    Ainsi le Rédempteur laissant dans le tombeau
    De son corps immolé sa dépouille...